L’œil du puits

Exposition à la galerie MEKIC, Montréal, octobre 2015

Voici un extrait de l’exposition

 

Peindre mène à la quête de l’invisible. La chasse s’amorce dans la tête du peintre pour finir sur tes paupières. Le peintre suit la trace de sa proie. Il condense ses yeux sur elle, et soudain, il s’y perd. Ainsi l’atelier devient un terrain de chasse. Quant au peintre, il devient la proie elle-même, et là, l’invisible chasse ses pupilles!

Au coin gauche de mon atelier, il y a une savane bleue au fond de laquelle se trouve un cimetière blanc. Chaque midi, au coin gauche de cette savane, apparaît une girafe rouge qui me piège, et au croisé de nos regards, elle s’évade brusquement dans les tombes. Chaque minuit, elle réapparaît dans mon sommeil et je me vois dormir dans ses yeux.

Les nuits chaudes d’été règnent sur mon œuvre. Les orages mouillent la surface de ma toile, le temps y croît et un coup de foudre violet descend sur la tête de la girafe rouge. Les yeux étincelants, la bête tourne sa tête vers moi et demande : toi, l’homme, que fais-tu ici? Mes yeux deviennent ses oreilles : je viens ici pour chasser l’invisible. La girafe éclate de rire!

Au coin droit de mon atelier, il y a une pouponnière verte, au pied de laquelle il y a un puits dans lequel habite un oiseau noir qui se veut l’œil du puits. Chaque minuit, il apparaît sur ma tête et anime mes pensées.

Le nord de mon atelier, c’est là où ton iris demeure.

Autour de tes yeux, mon regard s’endort, et je pars à la chasse dans le sud de mon atelier.

Khosro Berahmandi